Les challenges sur les réseaux sociaux ont connu une forte popularité lors du premier confinement, alors même que nous ne pouvions plus « socialiser ». Certaines plateformes comme Tiktok ont alors vu leur nombre d’abonnés exploser. Les challenges, toujours aussi populaires aujourd’hui, sont souvent évoqués avec méfiance car ils sont considérés comme dangereux. Mais le sont-ils tous vraiment ?
Un challenge, à quoi ça sert ?
Bien qu’ils ne soient pas nouveaux, les challenges sur les réseaux sociaux ont connu un essor incroyable suite au confinement. Cette absence soudaine de contact humain et social a trouvé du réconfort sur internet et les réseaux sociaux où l’objectif était de recréer du lien. A l’inverse d’une simple publication, les challenges proposaient une interaction avec d’autres personnes, soit en recréant un défi ou en y faisant suite. Les défis sont ensuite rapidement devenus des méthodes de marketing incontournable, que ce soit pour les marques ou la plateforme elle-même.
Les challenges génèrent des vues, des interactions, de la création de nouveaux contenus… en somme, cela fait vivre la plateforme du réseau social. Et au plus le réseau est actif, alimenté par du nouveau contenu, au plus les utilisateurs sont contents et continuent de l’utiliser, au plus cela génère de l’argent pour la plateforme. Les marques l’ont aussi très bien compris : il suffit de proposer un défi (impliquant leur produit ou non) pour avoir l’air proche de la communauté et donc générer de l’intérêt pour la marque.
Les challenges permettent aussi aux utilisateurs de se sentir appartenir à une communauté, y trouver une sorte d’acceptation sociale ce qui rassure et pousse à être plus actif sur la plateforme. Les réseaux flattent notre égo, on y cherche une sorte de gratification qui est satisfaite par l’activation de notre dopamine, créant ainsi de l’addiction.
Les défis sont-ils tous dangereux ?
On le sait, les challenges sont tous très variés et nombre d’entre eux sont positifs. On peut par exemple retrouver des conseils (cuisine, bricolage…), des challenges bienveillants, des anecdotes, des défis qui poussent à la créativité ou à la découverte de nouvelles cultures. Cependant il existe des défis bien plus sombres qui viennent entacher cette image bienveillante.
Les défis nocifs sont nombreux mais on peut les ranger dans deux catégories : les dangers physiques et les dangers virtuels. Dans la première catégorie nous pouvons retrouver les challenges tels que « escalader un balcon », « faire un croche-pied à quelqu’un » ou encore « manger le piment le plus fort du monde ». Ces challenges sont dangereux pour des raisons évidentes mais il est intéressant de se pencher sur la raison qui nous pousse à participer ou à regarder ces challenges.
Pourquoi les challenges dangereux sont-ils si populaires ?
Damon Centola, professeur de communication à l’université de Pennsylvanie et auteur de How Behaviour Spreads nous explique ce phénomène : « L’adoption de comportements à risque est généralement déclenchée par une excitation émotionnelle, qui est amplifiée dans les foules. ». La présence sur les réseaux sociaux de likes et de commentaires de masse peut recréer ce sentiment d’excitation collective, ce qui encourage la participation afin de rejoindre la tendance ou de devenir populaire.
La seconde catégorie de challenges dangereux est plus insidieuse et beaucoup moins évidente. Elle a pour but de récolter un maximum d’informations et de données personnelles afin de les utiliser contre nous (chantage, cyberviolences). Dans cette catégorie on peut retrouver par exemple le « Momo challenge » qui vise à récupérer toutes les informations personnelles et à nous pousser à faire des tâches de plus en plus dangereuses sous la menace de mort ou de s’en prendre à nos proches. Ou plus simplement de récupérer des informations nous concernant.
Le plus gros danger est la récupération des données qui ont été générées par ces défis, telles que la reconnaissance faciale, les informations présentes sur la photo, voire les images elles-mêmes afin de les réutiliser pour de l’usurpation d’identité ou de les revendre à des entreprises pour de la publicité ou encore sur le dark net.
Comment s’en protéger ?
Tout d’abord, il est primordial d’identifier les risques d’un challenge : est-ce que je vais me mettre en danger ? Dans une situation embarrassante ? Est-ce que je n’en aurai pas honte dans quelques années ? Est-ce que je mets quelqu’un d’autre en danger ou dans une situation embarrassante ?
Si la réponse à l’une de ces questions est oui, mieux vaut éviter de s’y risquer, les conséquences peuvent parfois être désastreuses. Il est très important de ne rien publier de compromettant ni de soi, ni des autres sur internet. Une petite blague (prank) peut rapidement tourner au cyber harcèlement et au mal-être d’une personne.
A l’inverse, certains challenges sont simplement amusants et bienveillants. Mais, même dans ces cas-là, gardez en tête que la totalité de ce qui est mis en ligne 1) restera à jamais sur internet 2) pourra être analysé pour déterminer tes goûts et t’envoyer de la publicité ciblée 3) pourra être récupéré et utilisé à mauvais escient 4) une image, même innocente, donne beaucoup d’information.
Alors pour bien te protéger, garde à l’esprit toutes ces informations et n’oublie pas : si tu ne participes pas à un challenge ce n’est pas grave, la mode passera très vite. Préserve plutôt ton intimité, cela te sera utile toute ta vie !
Sources :
- https://troisdemaurevert.fr/defis-et-challenges-sur-les-reseaux-sociaux-decryptage-dun-phenomene-viral/
- https://www.lavoixdunord.fr/740785/article/2020-04-14/pendant-le-confinement-les-challenges-des-reseaux-sociaux-occupent-les
- https://www.codeur.com/blog/challenge-reseaux-sociaux/
- https://media.cultureasy.com/tendance/activite-culturelle/top-10-des-challenges-culturels/
- https://www.meltwater.com/fr/blog/challenges-reseaux-sociaux
- https://voyageursdunumerique.org/les-challenges-des-reseaux-sociaux/