L’impact des écrans sur les tout-petits : quels risques et quelles recommandations ?

L’impact des écrans sur les tout-petits : quels risques et quelles recommandations ?

Les écrans sont omniprésents dans notre quotidien, et la question de leur utilisation par les bébés se pose dès leur naissance. De 0 à 3 ans, en quoi peuvent-ils influencer leur développement ? Quels sont les risques potentiels, et que préconisent les spécialistes ?

L’importance des interactions sensorielles dans le développement de l’enfant

Durant les trois premières années de vie, l’apprentissage passe essentiellement par les interactions avec l’environnement et l’utilisation des cinq sens. C’est en manipulant des objets, en explorant son espace et en interagissant avec ses proches que l’enfant a construit ses repères spatiaux et temporels. Les livres, les jeux physiques et les échanges avec les adultes sont des éléments clés pour favoriser son développement.

L’un des dangers liés aux écrans est qu’ils peuvent se substituer à ces expériences essentielles. Chaque minute passée devant un écran est une minute en moins pour explorer, toucher, expérimenter et partager. Une surexposition pourrait donc nuire à la construction des compétences motrices et cognitives du jeune enfant.

Une attention perturbée par les écrans

Des études ont montré que même lorsque la télévision est simplement allumée en arrière-plan, sans être activement regardée par l’enfant, son attention est affectée. Il joue moins longtemps et se déconcentre plus rapidement, ce qui peut entraîner son apprentissage et sa capacité à rester focalisé sur une activité.

Un frein à l’acquisition du langage

Contrairement à certaines idées reçues, exposer un bébé à des dessins animés ou à des vidéos ne favorise pas son apprentissage du langage. Au contraire, une étude menée par l’université de Toronto en 2017 indique qu’un usage passif des écrans pourrait être à l’origine de retards dans le développement du langage. L’enfant apprend à parler grâce aux échanges interactifs avec son entourage, et non en écoutant des dialogues préenregistrés.

Une perception brouillée du monde réel

Avant l’âge de trois ans, un enfant a encore du mal à distinguer les images animées de la réalité. Les rapides de plans et les changements stimuli visuels et sonores intenses qu’offrent les écrans captivent son attention sans qu’il puisse réellement donner du sens à ce qu’il voit. Cela peut engendrer une confusion entre le virtuel et le réel. Il n’est pas rare qu’un jeune enfant tente d’attraper un objet sur un écran, croyant qu’il existe physiquement devant lui.

Conséquences à long terme

Une exposition excessive aux écrans durant la petite enfance peut avoir des répercussions durables, jusqu’à l’âge de 10 ans. Parmi les effets observés, à noter :

    • Une augmentation de 5 % de l’indice de masse corporelle
    • Une baisse de 7 % de l’attention en classe
    • Une diminution de 6 % des compétences en mathématiques

Quelle est la recommandation des experts ?

Les principales organisations de pédiatrie, comme l’Académie Américaine de Pédiatrie et la Société Française de Pédiatrie, déconseillent toute exposition passive aux écrans avant l’âge de trois ans. Ces recommandations ont d’ailleurs été intégrées au carnet de santé depuis 2018.

Serge Tisseron, psychiatre et spécialiste des écrans, a établi la règle des 3-6-9-12, relayée par l’AFPA (Association Française de Pédiatrie Ambulatoire). Elle rappelle que l’utilisation des écrans doit être évitée avant trois ans, en insistant sur l’importance des jeux et des échanges avec les parents pour stimuler le développement psychomoteur de l’enfant.

Une utilisation possible… sous certaines conditions

Toutefois, une utilisation ponctuelle et interactive des écrans peut être envisagée si elle s’accompagne d’un échange avec un adulte. Si un parent partage une activité numérique avec son enfant, en lui permettant ce qu’il voit et en l’encourageant à interagir, cela peut être un moment d’apprentissage et de jeu.

Pour limiter les risques, il est recommandé que :

    • L’usage des écrans reste occasionnel et sur des périodes courtes
    • L’enfant soit accompagné par un adulte pour donner du sens aux contenus
    • L’objectif principal soit de jouer et d’échanger, avec des applications adaptées à son âge
    • Cela ne remplace pas les jeux traditionnels et les activités physiques

Conclusion

Si les écrans font partie de notre quotidien, ils ne doivent pas devenir un substitut aux expériences sensorielles et aux interactions essentielles au bon développement du jeune enfant. Les spécialistes s’accordent à dire qu’avant trois ans, leur usage doit être limité et encadré, en privilégié toujours les activités favorisant l’éveil et la socialisation.

Sophie
Author: Sophie