Les écrans occupent désormais une place centrale dans notre quotidien, et ce depuis plusieurs années. Contrairement à leurs parents, les adolescents appartiennent à une génération née avec le numérique, souvent appelée les « digital natives ».
Omniprésents, les écrans sont en moyenne au nombre de 11 par foyer, selon une récente étude, et accaparent une part significative du temps des jeunes, avec environ 35 heures d’utilisation hebdomadaire.
Les Technologies de l’Information et de la Communication (TIC), c’est-à-dire le numérique, jouent de multiples rôles : moyens de communication, outils de travail, sources de culture, supports de divertissement. Si elles suscitent un grand intérêt chez les adolescents, elles engendrent également des inquiétudes chez les parents. Ces derniers redoutent souvent les effets d’un usage excessif ou inapproprié, bien que ces craintes soient souvent exagérées.
Comment, dès lors, établir un équilibre et accompagner les adolescents dans leur immersion dans l’univers numérique ? Une question d’autant plus cruciale que les TIC, notamment à travers les réseaux sociaux, permettent à des individus extérieurs d’interférer dans la sphère privée, bouleversant parfois les moments réservés à la vie familiale.

Ni diabolisation, ni banalisation : un juste équilibre face aux écrans
À l’adolescence, il est crucial d’adopter une posture équilibrée vis-à-vis des écrans. Plutôt que de diaboliser leur utilisation ou de la banaliser, il convient de reconnaître leur place dans la vie des jeunes tout en réaffirmant des limites claires. L’univers numérique, aussi captivant soit-il, ne remplace pas les interactions réelles. Les adolescents eux-mêmes ne qualifient-ils pas parfois de « no life » ceux qui passent tout leur temps en ligne ?
Malgré leurs airs désinvoltes, les adolescents restent attentifs aux préoccupations des adultes concernant les dangers d’internet. Même s’ils feignent d’être agacés ou se targuent de mieux maîtriser que quiconque ces outils, ils peuvent bénéficier de discussions ouvertes sur des sujets tels que le téléchargement illégal, le plagiat, la dépendance, le cyberharcèlement, ou encore les mécanismes d’addiction des plateformes numériques. Une question clé à poser est : qui décide, moi ou la machine ?
Établir un pacte familial pour une utilisation responsable
Un moyen efficace d’accompagner les jeunes consiste à définir, ensemble, un pacte familial fixant les règles d’usage des écrans. Ces discussions collectives renforcent la légitimité des décisions et maintiennent leur acceptation, tout en étant essentiellement les arguments du type : « tout le monde le fait ». Ce cadre éducatif, qui vise l’autonomie et l’autocontrôle, agit aussi comme une prévention contre les dérives potentielles, comme l’ennui comblé artificiellement ou les stéréotypes toxiques véhiculés par les réseaux sociaux.
Jeux vidéo : entre risques et opportunités
Les jeux vidéo, notamment en ligne, suscitent des réactions variées. Si un usage excessif peut isoler et aggraver une fragilité psychologique préexistante, ces jeux offrent aussi des opportunités : création de liens sociaux, travail en équipe, dépassement de soi. Les garçons se tournent souvent vers des jeux compétitifs, tandis que les filles privilégient les espaces de discussion et les jeux de gestion.
Des écrans, à la fois problèmes et solutions
Comparer l’utilisation des écrans à une dépendance est souvent réducteur et contre-productif. Une approche plus constructive consiste à engager des échanges autour des pratiques numériques des jeunes : « Pourquoi ce jeu ? Pourquoi cet avatar ? Quelle musique t’intéresse ? » L’objectif est de transformer les écrans en outils d’apprentissage, de créativité et de socialisation, tout en les encadrant pour éviter qu’ils ne deviennent source de réponse sur soi ou de fascination excessive.
Comprendre les conflits générationnels autour du numérique
Les tensions entre parents et adolescents sur l’usage des écrans renvoient, en réalité, des conflits de transmission intergénérationnels intemporels. Ces défis invitent à une posture de curiosité et de compréhension. L’adolescence, après tout, est le moment de tous les possibles, où le dialogue et la réflexion commune ouvrent la voie à un équilibre bénéfique pour tous.

Internet comme une opportunité à développer
Le numérique peut devenir un espace riche en apprentissages et en expériences positives. L’offre :
- La joie de communiquer et de partager avec autrui.
- La création et le renforcement de liens entre paires.
- Une opportunité d’expression créative et personnelle.
- Des occasions de collaboration, de dépassement de soi et d’interaction constructive.
- Le développement de l’initiative et de l’autonomie.
- Un espace de médiation entre le monde intérieur et extérieur, souvent symbolisé par l’avatar représentant l’adolescent dans l’univers virtuel.
- Un outil moderne à maîtriser ensemble, permettant d’apprendre à trier, organiser, hiérarchiser et critiquer l’information, tout en résistant à l’effet paralysant d’une surcharge cognitive, car « trop d’information tue la connaissance ».
Internet comme un risque à surveiller
Cependant, lorsqu’une utilisation déséquilibrée s’installe, des problèmes peuvent apparaître, notamment :
-
- Une consommation excessive, détournant l’adolescent des activités réelles, avec parfois un impact visible, comme une baisse des résultats scolaires.
- L’alimentation d’un imaginaire sombre ou destructeur.
- Une fascination exacerbée, confinant à l’obsession.
- Une influence intrusive sur le développement de la personnalité.
- Une excitation constante alimentée par une surabondance d’images et de notifications.
Ces excès représentent des dangers particuliers pour des adolescents en proie à une faible estime de soi, à un manque de confiance, à des tendances dépressives ou à une forte anxiété.
Une dynamique intergénérationnelle à comprendre
Les tensions entre parents et adolescents autour d’internet impliquent des enjeux plus larges de transmission et de compréhension intergénérationnelles. Ces conflits, loin d’être nouveaux, sont l’occasion d’un dialogue constructif.
